Notre avenir dépend de la solution du problème allemand

L'Allemagne de toujours

Remarquons immédiatement que, dans leur communiqué, les hommes d’État réunis à Yalta parlent toujours de l'Allemagne « nazie ». Ici une équivoque doit être éclaircie à tout jamais. Sans doute nous avons à combattre le nazisme mais nous avons aussi à combattre cette Allemagne qui, en soixante-dix ans, nous a envahis trois fois.

Au reste, peut-on séparer ces deux termes ? Ils sont étroitement synonymes. L'Allemagne était toute entière nazie, parce que cet idéologie satisfait à certaines de ses tendances les  plus profondes.

Le nazisme prend ses racines dans l'âme allemande bien avant Hitler. L'Allemagne s'est jetée dans le nazisme parce qu'elle s'y retrouvait toute entière.

C'est pourquoi nous nous inquiétons chaque fois que, chez nos alliés, nous croyons, à tort ou à raison, sentir une possibilité même lointaine de faiblesse à l'égard de l'Allemagne. Et nous nous effrayons surtout quand ils paraissent, d'une façon ou d'une autre, distinguer l'Allemagne du nazisme. Cette tendance est endémique aux États-Unis, où les milieux isolationnistes et les éléments d'origine germanique trouvent leur compte.

Heureusement l'Angleterre a compris, et elle est là pour le faire comprendre aux États-Unis. Il y a ce fait nouveau en Europe que l'Angleterre a failli sombrer. Au moment même peut-être ne s'en est-elle absolument pas rendu compte, préservée par sa sûreté d'elle-même, mais, après coup, elle a senti combien elle avait été un moment démunie. Cela nous est un garant. L'Angleterre ne comprend pas vite mais elle oublie lentement.